Terre Humaine

14 août 2006

TH JUILLET AOUT 2006 : DIES IRAE



Dies irae

Dies irae pour un peuple plongé dans une misère extrême, dans l’extrême misère, dans l’extrémité de la misère… Un jour m’habituerai-je à cette misère ? J’aurais dû vous parler à cette heure de la misère extrême que j’ai « découverte » en juin dernier à Madagascar. Mes questions : « Ce peuple est-il heureux ? », « Ce peuple peut-il être heureux ? » Les réponses sont affirmatives. Les sourires, la joie, le bonheur sur les visages, dans les cœurs. Et notre Occident repu qui ne cesse de geindre ! Jour de colère, non, jours de joie passés avec ce peuple qui vit.

Dies irae pour un autre peuple écrasé par les bombes terroristes. Puisque ce mot semble devoir désigner le mal absolu qui justifie tous les massacres d’enfants, de femmes, d’hommes. Dies irae pour le peuple du Liban. D’un côté deux soldats, des combattants, faits prisonniers, quoi de plus normal, les lois de la guerre, de la « belle » guerre sont respectées. De l’autre 800, 900, 1000 civils (au fil des jours, le bilan s’alourdit, disent les journalistes) massacrés, assassinés par les armes les plus sophistiquées d’une « démocratie » soutenue et armée par une « démocratie » encore plus grande, encore plus forte, encore plus belle. Où sont les terroristes ? Cherchez l’erreur, cherchez le faux-sens ! Sur quoi se fonde la confiance d’Israël dans le pouvoir des bombes. Rêver l’éradication du Hezbollah à coup de bombes, c’est rêver de faire marcher un homme en lui coupant les jambes. La presque totalité de la population chiite libanaise – soit près de 40% du peuple – soutient le Hezbollah qui est né en 1982 pour résister à la première invasion du Liban par l’armée israélienne. Depuis ce n’est plus seulement un parti armé, c’est une organisation sociale, politique, économique, un mode de pensée, une force incontournable.

Au 32ème jour de guerre, selon l’AFP, on dénombre au Liban, 1130 tués dont plus de mille civils dont 30% d’enfants de moins de 12 ans. En Israël, des enfants, des filles dédicacent des obus destinés à être tirés sur le Liban, à tuer des enfants et des filles du Liban. Et cela sous l’œil des photographes, des journalistes ! Jusqu’où iront la haine et le cynisme des hommes ? (Photo Schneider. AP/Sipa). En Israël, 40 civils ont été tués par les roquettes du Hezbollah et 93 militaires israéliens ont péri dans les combats. Cherchez les terroristes !



Charles Trompette
13/08/2006

Lettre à des Israéliens
Extraits


Si seulement vous saviez le montant de violence et de haine que sèment vos chars et vos avions, vous auriez peur de votre peur, peur du fourvoiement qu’elle vous inspire. Vous useriez de la force écrasante qui est la vôtre pour ne confier la paix qu’à l’application du droit : au retrait de vos troupes de tous les territoires occupés, au démantèlement de toutes les colonies, au respect de la légitimité du gouvernement palestinien. Le recours à la toute-puissance militaire ne vous a-t-il pas donné la preuve en Palestine, ainsi qu’à vos alliés américains en Irak, de son impuissance à mettre la réalité au pas de vos désirs ? Vos gouvernants ont beau mettre le feu au paysage qui vous effraie, plus ce paysage brûle, plus il vous fait peur.
La réalité que vos chars et vos avions prennent pour cible – vies humaines, maisons, routes, villes et villages -, à peine l’avez-vous démolie qu’elle vous échappe. Si tangible, si spectaculaire soit-elle, la conquête qui est à la portée de vos soldats est un leurre. C’est, certes, une domination de l’espace, mais le temps ? Comment espérez-vous l’atteindre ? C’est pourtant lui votre ennemi, c’est lui qu’il vous faut amadouer, apprivoiser. Car cet espace, quoi que vous fassiez, est habité par un monde qui survit à ses morts et qui n’est pas le vôtre. Plus vous le détruisez, le rasez, l’effacez, plus sa mémoire grandit et se transforme en haine.
Ce monde vaincu, fini, décomposé, a donné à Israël, ainsi qu’aux grandes puissances, la mauvaise habitude de marcher au rythme et à la cadence que ceux-ci leur imposaient. Bon gré mal gré, il a, depuis la fin de l’Empire ottoman, réglé sa montre à l’heure occidentale, adopté un calendrier qui n’était pas le sien. Quoi qu’il en soit, le religieux, revenu en force sur la scène politique, a pris désormais le relais de l’arabisme. Et ce nouvel Orient déboussolé est, encore une fois, bien trop compliqué pour se laisser forger comme du métal par la seule volonté du couple israélo-américain et par le feu des bombes.
La plupart des régimes arabes, qui n’épuisent aucun adjectif – répressifs, mensongers, traîtres et corrompus -, sont en état de survie artificielle. C’est l’islamisme qui prend désormais un peu partout, sous des formes diverses, le relais de l’arabisme.
Le temps des islamistes n’est plus à la merci du vôtre. Vous aurez beau poursuivre leurs hommes de ville en ville, de pays en pays, les heures et les années qui sont les leurs n’ont plus de comptes à vous rendre. Tendez l’oreille, et comparez les discours arabes du siècle dernier avec ceux des actuels chefs religieux. Le débit des premiers est pressé, survolté, branché sur l’Occident, le second est lent, calme, indifférent à vos sommations, à vos ultimatums. Les islamistes ont donné un énorme coup de frein à la marche de l’histoire. Contre cette nouvelle horloge, vos bombes ne peuvent rien.

Dominique Eddé, libanaise.



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« Contempler le monde pour mieux agir et agir dans le monde pour mieux le contempler. »


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« Avec la mondialisation, il n’y a plus de différence entre le prochain et le lointain. Le lointain est notre voisin. La quête d’un lien universel commun est incontournable. »

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« La guerre, c’est le mal absolu ; elle résulte de la connerie humaine. La guerre, c’est la mort des autres. On ne la laisse durer que parce que ce sont les autres qui la font et qui en meurent. »

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