Terre Humaine

22 mai 2006

TH DECEMBRE 2005 : JOAO MARTINHO MOYE EST-IL UN SAINT ITAJUBENSE ?

JOAO MARTINHO MOYE
EST-IL UN SAINT ITAJUBENSE ?


Lorsque le voyageur passe quelques temps dans la ville d’Itajuba (100.000 habitants) et sa région (Etat du Minas Gerais au Brésil), il ne peut qu’en déduire que João Martinho Moye a vécu au Brésil, tant son œuvre et son esprit imprègnent cette région : de l’impressionnant couvent - vestige d’une Eglise glorieuse et triomphante - qui domine la ville aux terrasses des cafés branchés, des laboratoires de recherche d’universités prestigieuses à la maison d’éducation pour les adolescents délinquants ; des nombreuses crèches communautaires dans les quartiers populaires au collège qui forme depuis un siècle l’élite de la ville ; du Foyer de la Providence qui accueille les personnes âgées, pauvres, et dont plus personne ne veut, au centre de physiothérapie niché au sein d’un vallon paradisiaque, « un trou de verdure où chante une rivière » ; des missions parties de là vers les terres inconnues des Indiens Yanomani ou vers l’île de Marajo - espace mythique, berceau imaginaire, chaos, forêt vierge à l’état pur que le monstrueux courant de l’Amazone semble pousser au large de l’océan - au soutien scolaire apporté aux enfants ; de l’Association des Anciennes Elèves des Sœurs de la Providence qui traduisent en actes quotidiens les conseils de João Martinho au groupe de Fraternistes qui vivent intensément sa spiritualité ; de l’Ecole d’Infirmiers dont les élèves sont recherchés par tous les hôpitaux parce que leur formation scientifique et technique est sans pareille, mais surtout, humaine, aux ouvrages de Sœur Ernestine (Femme Providence) et d’Alice Beatriz (Collier de perles. Présence et pionniérisme de la Femme Itajubense) qui rappellent que ce sont les femmes qui ont appliqué et fait triompher les idées de João Martinho… Tout respire João Martinho, tout chante João Martinho, tout vit João Martinho.
Si dans le gymnase du collège la phrase prophétique de João Martinho est inscrite en lettres immenses et majuscules « Rien n’est plus important que l’éducation de la jeunesse », son esprit est traduit au quotidien : partout la formation est d’une qualité rare. Et ce sont les femmes, les religieuses, les filles du Père Moye, et les laïques, les mères de famille qui sont à la pointe du combat. Une lutte pacifique, construite sur l’amour et par l’amour même si leur esprit de « mulher guereira », femmes guerrières, est ce qui fait triompher leurs idées dans une société éminemment machiste : combat contre l’ignorance, combat contre la maladie et la souffrance, combat contre le rejet du pauvre, du noir, du délinquant… Ces femmes brésiliennes qui « n’ont que l’Amour à offrir en partage, sans avoir rien que la force d’aimer » transforment le monde en une Terre Humaine.


Charles Trompette

Le cri du canari

Kenzaburô Oé, écrivain japonais décrit l’intellectuel comme le canari que l’on place dans une mine de charbon pour détecter un risque de coup de grisou, et dont le cri annonce la mort.
« Pour moi, un intellectuel est celui qui peut et doit parler « en amateur », en dehors de son champ de spécialité, pour rappeler qu’il y a d’autres manières de voir, de concevoir le réel que celles véhiculées par le discours dominant. Je continue à écrire des points de vue critiques chaque mois dans les journaux, à faire des conférences. Je reste « dérangeant ». Certains me dénigrent ou me considèrent avec condescendance. Mais force est de constater qu’au Japon il y a de moins en moins d’intellectuels contestataires. La conscience démocratique de ce pays n’a fait émerger aucune personnalité capable d’exprimer avec vigueur le sentiment de colère et de trahison de nos idéaux que constitue la guerre en Irak. Je suis sans doute ce canari dans la mine, déjà en train de mourir, mais j’ai bien l’intention de continuer à « chanter » jusqu’au dernier souffle afin de m’efforcer, simplement, de vivre avec dignité. »


Egalité désirée
J’espère qu’aujourd’hui nous sommes sur le chemin de l’égalité, la grande absente de la vie sociale. Dans une société aussi inégalitaire que la mienne, le cheminement est long ; il est difficile de percevoir les quelques pas déjà réalisés ; tout le monde veut tout immédiatement. Mais les élites sont prédatrices et les pauvres pris dans la logique de leur survie.
Ici il est difficile de vivre l’égalité. Nous sommes une société très hiérarchisée et nous refusons de le reconnaître. Je pense que le Brésil doit devenir une véritable république et cesser d’être un palais pour les uns et une rue pour les autres. L’égalité menace certains ; ils n’en veulent point et préfèrent la « liberté ». Ici, un riche a plus de liberté, de droits et de privilèges qu’un pauvre. L’égalité devient donc source d’affrontements. Notre pays vit aujourd’hui un conflit entre la liberté et l’égalité : c’est un fait nouveau dans la vie politique brésilienne.
Le gouvernement de Lula est la preuve que la démocratie brésilienne doit avoir confiance en elle-même et qu’elle peut pratiquer une politique alliant liberté et égalité. Nous, citoyennes et citoyens, nous devons prendre des responsabilités au niveau des états et des municipalités pour participer à cette politique.
Le Parti des Travailleurs (PT) était un parti critique de l’action gouvernementale ; aujourd’hui, il est au pouvoir et il est devenu le porte-parole non seulement des exclus mais d’une nation.
Je n’ai jamais cru que le PT arrivé au pouvoir serait totalement différent des autres partis ; car il doit passer des alliances pour gouverner et ces alliances sont le nœud des problèmes. Chacun défend ses intérêts propres, jamais l’intérêt général.
Aujourd’hui, le gouvernement de Lula est attaqué ; il faut se souvenir des actions des gouvernements précédents qui ont dirigé le pays au profit de la bourgeoisie, se souciant peu d’égalité.
Malheureusement, nous continuons à avoir des politiciens qui achètent les électeurs en leur distribuant des aides : des bons alimentaires, des bons pour le transport, des bons pour le gaz… et les électeurs se laissent acheter car ils sont dans le besoin, dans la misère. Notre système pervers et cruel encourage la corruption au profit de quelques uns. Je souhaite qu’un gouvernement de gauche puisse s’engager à construire un pays plus juste, plus solidaire, plus égalitaire.

Ana Célia Pereira de Almeida

Terre Humaine
« Il est essentiel pour avoir une paix universelle et permanente qu’un changement total s’accomplisse dans l’esprit des gens. Il faut une compréhension mutuelle plus profonde, plus solide, pour l’abolition des préjugés nationaux de façon à voir d’un œil plus sympathique et amical tous ces nouveaux compagnons. »

Robert Baden-Powell, fondateur du scoutisme.