Terre Humaine

21 octobre 2006

DOM FRAGOGO S'EST ETEINT...

Dom Fragoso s’est éteint…


Dom Antonio Batista Fragoso, évêque de Crateus dans le Nordeste du Brésil est bien connu des membres de l’association Terre Humaine et des lecteurs de la revue éponyme. Lors de ses nombreuses visites en Europe et notamment au Vatican, Dom Fragoso avait séjourné en Lorraine dans les années 80. Il avait tenu une conférence dans les grands salons de l’Hôtel de la Ville de Metz, trop étroits ce jour-là, en présence de Monseigneur Pierre Raffin. Il avait expliqué comment et pourquoi il avait refusé les dons d’un riche diocèse allemand qui transformaient les pauvres brésiliens en mendiants. Le jour où il a reçu la charge du peuple de Crateus, il disait : « Je ne veux pas être le Prince de l’Eglise, un « Excelentissimo Senhor », un constructeur de civilisation, mais je veux être, sur cette terre, un humble serviteur de ce peuple. Je serai heureux quand je verrai le peuple de Crateus prendre sur ses propres épaules le destin de sa terre. » Il n’avait jamais habité le majestueux palais épiscopal de son diocèse mais résidait dans une maison confortable. Il confiait à Charles Trompette venu connaître la réalité du peuple du Nordeste : « Les pauvres ne comprennent pas ces missionnaires qui choisissent de vivre dans les favelas, dans la misère. Pour eux, la misère, c’est l’enfer, ils veulent en sortir. Nul besoin de magnifier les conditions de vie infra-humaines. » Dom Fragoso était, comme Dom Helder Camara, un de ces pères conciliaires (Vatican II) qui ont impulsé l’ouverture de l’Eglise sur le monde contemporain. Dom Fragoso, lors de son séjour en Lorraine, résida à Cutting, où il a tenu à célébrer l’eucharistie dans la chapelle de la maison natale de Jean Martin Moye rappelant que l’éducation est la condition sine qua non de libération des pauvres ; il a également voulu rencontrer les chrétiens du secteur, lors d’un petit-déjeuner pris chez Alain et Agnès Romain. Dom Fragoso parlait couramment français. Depuis lors, il n’a cessé d’entretenir une correspondance régulière avec « Terre Humaine », soutenant les initiatives de l’association, l’interrogeant sur ses choix, approfondissant avec elle la réflexion sur les relations Nord-Sud ; aucun lien financier ne liant l’association au diocèse de Crateus. « Nous venons de perdre, confie Charles Trompette, non seulement un ami, mais un véritable pasteur qui avait fait le choix évangélique des pauvres et savait nous interpeller. »